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Du Prince Bernadotte à Strindberg

Un prince héritier inattendu : Bernadotte

En 1810, la Suède se retrouve sans prince héritier. Un jeune officier prend l'initiative de se rendre auprès du maréchal Bernadotte pour lui proposer le trône de Suède. Pourquoi Bernadotte? D'une part parce que Napoléon était à l'époque le maître de l'Europe et qu'il fallait se concilier ses bonnes grâces. D'autre part, parce que lors d'une bataille en 1807, des officiers suédois fait prisonniers par Bernadotte avaient été fort civilement traités et l'avaient fait savoir en rentrant à Stockholm.

Bref, Bernadotte portait beau, était un homme d'honneur, courageux, généreux, ambitieux et énergique et il avait un fils, Oscar, âgé de 11 ans. L'avenir était donc assuré. Consulté, Napoléon accepta. Il se débarrassa ainsi d'un rival éventuel, qui l'avait déjà été en amour, puisque Désirée Clary avait été fiancée à Bonaparte avant qu'elle n'épouse Bernadotte.

Et c'est ainsi que Bernadotte arriva en Suède en 1810, sous le nom de Charles-Jean, où il fut très vite populaire. Mais les relations franco-suédoises n'en furent pas améliorées pour cela. Bernadotte rompit avec Napoléon, après que l'empereur ait envoyé une fois de plus des troupes occuper la Poméranie, et conclut en 1812 une alliance avec le tsar.

Au lieu de conquérir la Finlande que le tsar venait de prendre à la Suède, il imposa en 1814 à la Norvège une Union entre les deux pays. En 1818, il monta sur le trône en tant que roi de Suède et de Norvège, les Norvégiens conservant la maîtrise de leur politique, sauf de la politique étrangère.

Depuis 1814, la Suède n'a pas été en guerre et a pratiqué une politique de non alliance en temps de paix et de neutralité en temps de guerre.

La prédominance de l'Allemagne après 1871

La victoire de la Prusse en 1871 et le retour de la France à la République firent grande impression sur la droite suédoise et celle-ci se tourna de plus en plus vers l'Allemagne et Guillaume 1er. Ils virent en une Allemagne forte le rempart contre le péril russe. L'allemand prit dans l'enseignement secondaire une place prépondérante et devint la langue pratiquée par tout Suédois cultivé. L'influence de la France déclina, sauf chez les artistes.

La colonie suédoise de Grez-sur-Loing

Après Snoilsky, qui pleure la défaite de la France en 1871, c'est en France que le jeune Strindberg entreprend son premier voyage à l'étranger en 1874. Il prend flamme pour les Impressionnistes, en particulier Manet, Monet, Sisley, Théodore Rousseau. N'oublions pas qu'il a aussi été peintre.

A Paris, Strindberg fréquente assidûment, en 1883 et 1885, Carl Larsson, Karl Nordström, Hanna Pauli, installés à Grez-sur-Loing dans deux auberges. Pourquoi les écrivains et les artistes se rendaient-ils à Paris?

"C'était là qu'on pouvait éprouver en compagnie de camarades cette bienheureuse jeunesse remplie d'allégresse", pour citer le norvégien Ibsen des Revenants (1881). "Car il y régnait - du moins le pensait-on - soleil et joie de vivre, en contraste avec l'atmosphère étroite et confinée de la Suède.", comme l'écrit le professeur Thure Stenström de l'Université d'Uppsala dans Une Amitié millénaire.

Strindberg veut "mettre Paris à ses pieds"

Face au dédain des Suédois pour son oeuvre, Strindberg cherche à s'imposer comme un écrivain européen, "mettre Paris à ses pieds". Des romans comme Le plaidoyer d'un fou et Inferno ont été écrits directement en français. Et des pièces comme Père, Les créanciers et, plus tard, Mademoiselle Julie, ont connu un certain succès sur les grandes scènes expérimentales à Paris, le Théâtre libre d'Antoine et le Théâtre de l'Oeuvre de Lugnë-Poe.

Séjournant plusieurs fois à Paris, entre autres, en 1896, au 62, rue d'Assas (plaque) où il vécut enpartie sa crise d'Inferno, Strindberg "ne mettra pas Paris à ses pieds". La reconnaissance viendra plus tard. Aujourd'hui, ses pièces sont jouées en France pratiquement chaque année.

Dernière mise à jour 03 janv. 2024, 11.47